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Ainsi, lorsque nous voulons réfléchir sur l’entreprise, nous devons l’aborder par ce qui la fonde : l’Humain, le travail, le Monde.

L’humain, selon Platon, l’homme est le composé d’un corps, d’une psyché, et d’un esprit. Le corps est animé par des appétits, c’est le niveau désirant (la faim, la soif), la psyché est le lieu des passions (la colère, la volonté, le courage), l’esprit est le siège de la raison et de la pensée (les valeurs, la justice, la sagesse).

La cité idéale décrite par Platon est composée de trois catégories d’hommes. Ceux chez qui prédomine l’appétit formeront la caste des producteurs. Les hommes chez qui prédomine la volonté et le courage seront les gardiens de la cité et enfin parmi les meilleurs des gardiens, les hommes chez qui prédomine la raison auront la charge de diriger la cité et de gérer les affaires politiques, et le bien commun.

A l’instar de la cité et de l’âme humaine, l’entreprise est elle aussi un composé hiérarchisé d’organes et de fonctions.

- La production, avec les machines, les ouvriers, les contremaitres et les ateliers, correspond donc au corps, qui est le siège de l’epithumia (l’appétit).

- Le service des Ventes, avec les commerciaux, les études de marchés et les études de prix, les négociations ardues et gestion des contrats, correspond à la partie de l’âme humaine gouvernée par le thumos (la partie irascible : l’agressivité, les passions).

- Enfin, la direction générale qui contrôle l’administration, l’innovation et la stratégie de l’entreprise correspond à l’esprit régit par le logistikon (le raisonnable, l’ordre, la sagesse).

Ainsi, l’entreprise est fondamentalement un composé organisé conformément au modèle platonicien de la tripartition de l’âme humaine décrit dans le livre IV de la République.

L’entreprise harmonieuse, sera celle qui respectera cette organisation hiérarchisée et verticalisée, qui elle-même correspond à l’organisation de l’âme, dans laquelle les appétits, sont contrôlés par la volonté, elle-même soumise à l’ordre de la raison. Le modèle politique de la république platonicienne est fondamentalement aristocratique, c’est-à-dire élitiste. C’est un modèle de castes. Le modèle de l’entreprise lui ressemble beaucoup est également peu démocratique, franchement inégalitaire, et non libéral. C’est le modèle des régimes autoritaires.

Ce modèle permet-il de faire face aux problèmes caractérisés par l’interdépendance des relations et la complexité des interactions au sein de l’entreprise ?

A suivre : L’entreprise : une philosophie pratique de l’action. 3/5