L’entreprise est selon l’Insee, « une unité économique autonome juridiquement et dont la fonction principale est de produire des biens et des services pour un marché ».
L’entreprise telle que nous la connaissons est apparue progressivement avec l’avènement du capitalisme. Elle est, en tant qu’institution, une fille de la modernité occidentale.
Après avoir été radicalement mise en cause par la philosophie de Marx, qui a révélé les relations de domination et d’exploitation entre le travail et le capital, l’entreprise a finalement été réhabilitée par quelques théoriciens américains, dont le plus célèbre d’entre eux, est Peter Drucker.
D’un côté, l’analyse marxiste dénonce la violence faite aux travailleurs par l’entrepreneur capitaliste, de l’autre « le pape du mangement » vante le modèle libéral de la grande entreprise américaine qui attend de l’ensemble de ses employés, du directeur général à l’ouvrier, qu’ils dirigent de leur plein gré l’ensemble de leurs efforts vers les buts de la compagnie : « l’ouvrier doit assumer pleinement ses responsabilités pour contribuer aux résultats de l’entreprise ». Peter Drucker dans La pratique de la direction des entreprises.
L’entreprise est-elle le lieu où se déroule de sordides relations d’exploitation et de domination dans la logique de la dialectique hégélienne du Maitre et de l’Esclave, ou au contraire instaure t’elle comme le prétend Peter Drucker, la véritable liberté, la liberté sous la loi, en transformant des besoins objectifs en ambitions personnelles ?
Pour répondre à ce dilemme, il me parait nécessaire de reposer le problème sur la question de l’action humaine, du comportement humain et des motivations humaines, c’est-à-dire de l’anthropologie et de la morale avant de questionner l’entreprise sous l’angle de l’économie.
Dans le langage commun, l’entreprise c’est ce que l’on se propose de faire ; son domaine c’est l’action. L’action est le produit d’une volonté, d’une intention. L’action émane d’un sujet, c’est une force d’agir, orientée vers une finalité. Agir, c’est essentiellement transformer ce qui est. L’action a besoin d’un but, elle a besoin d’énergie et elle a besoin d’un agent.
L’entreprise est fondamentalement une organisation qui transforme le monde en se donnant des buts, en consommant de l’énergie, et en réalisant un travail. Le travail est une manifestation de l’activité humaine consistant à produire quelque chose, grâce à une organisation sociale préexistante.
L’entreprise n’existe pas indépendamment de l’humain, ni indépendamment du monde « de la société «. L’entreprise est donc le lieu où s’exerce le travail humain en vue de la transformation du monde.
Ainsi, lorsque nous voulons réfléchir sur l’entreprise, nous devons l’aborder par ce qui la fonde : l’Humain, le Travail, le Monde.
A suivre : L’entreprise : une philosophie pratique de l’action. 2/5
