Une philosophie de l'action

Le commandement est le quatrième facteur que le Général doit maitriser selon Sun Tzu. Le commandement, c’est le travail spécifique de la direction. C’est ainsi que la stratégie militaire rejoint définitivement la stratégie de l’entreprise moderne analysée par Peter Drucker.

La première obligation de la direction consiste à définir la mission de l'identité de l'entreprise. Qu’elle est notre affaire ? Quelles sont ces buts ?
La deuxième obligation de la direction est de diriger ses cadres supérieurs par des objectifs et par des contrôles.
La troisième obligation de la direction est de bâtir une organisation qui permettent à ses employés d’atteindre un haut rendement au travail.

Le commandement pour la direction consiste donc à :
- Définir la mission de son entité,
- Fixer des objectifs clairs pour les équipes,
- Analyser et organiser le travail. Informer et écouter ses employés,
- Évaluer les résultats au moyen de normes spécifiques,
- Former ses collaborateurs en permanence.

Peter Drucker distingue le management par tâches du management par objectifs.
- Le management par objectif « celui qui n’a pas d’objectif ne risque pas de les atteindre ».
- Le management par tâches consiste à définir pour chaque employé ce qu’il doit faire ainsi que quand et comment le faire.

Le management par objectifs défini les buts à atteindre et laisse à l’employé le soin de répondre lui-même aux questions quoi, quand et comment ? Cela suppose une plus grande implication de l’employé dans les processus décisionnels. Cela suppose également une bonne information et un processus d’auto contrôle. Il est indispensable pour tout manager de définir précisément avec son équipe les objectifs car « celui qui n’a pas d’objectif ne risque pas de les atteindre ».

Les objectifs stratégiques d’une organisation sont les points de départ du management par objectifs. Pour que les objectifs de l'organisation s'appliquent à l'ensemble de l'organisation, il est important qu'ils soient traduits au niveau des employés.

Peter Drucker a développé le concept des objectifs SMART. Cet acronyme signifie Specific, Measurable, Acceptable, Realistic and Time-bound, et énumère les attributs des objectifs qui sont fixés. Ils doivent donc être à la fois : Spécifiques, Mesurables, Atteignables (et Ambitieux !), Réalistes et leur réalisation doit être fixée dans le Temps. L’organisation, la discipline, la structure La productivité dépend essentiellement de la structure d’organisation et des équilibres entre les activités au sein de l’entreprise. Le profit n’est pas une cause mais un effet de cette organisation. « Les seuls facteurs qui font progresser une entreprise sont les hommes, de l’ouvrier au directeur, leur capacité d’innovation et la façon dont ils organisent leurs relations de travail »

L’organisation est une machine à multiplier les forces. Avant de mettre en place une organisation, il est important de savoir dans quel mode de production se situe notre industrie. Production de l’objet unique, production en série, ou production en continue. La production du produit unique donne un prix de revient élevé par unité mais permet une grande souplesse dans l’organisation. Elle exige un personnel très spécialisé. Elle a besoin de contre maitre et d’un noyau d’ouvriers spécialisées et peut compléter ses équipes selon ses besoins sur le marché de la production. Ce mode de production est celui qui correspond au secteur des entreprises paysagistes.

Dans le système du produit unique la tâche principale de la direction est d’obtenir des commandes. Peter Drucker distingue essentiellement deux modes d’organisation L’organisation fonctionnelle hiérarchisée et verticalisée, d’une part et d’autres part l’organisation divisionnelle, décentralisé et horizontale en centres de profits autonomes disposant de tous leurs services fonctionnels. Le mode d’organisation fonctionnel découle naturellement de l’anthropologie platonicienne et de son système politique. C’est l’organisation des états nations autoritaires et de la plupart des entreprises centrée sur la figure charismatique du Patron. L’organisation divisionnelle, correspond à l’organisation des états fédéraux. Dans cette structure l’entreprise est divisée en secteurs autonomes qui couvrent un marché spécifique. Chaque unité fonctionne comme une entreprise distincte pour atteindre les objectifs qu’elle a négociés avec la direction générale qui coordonne l’ensemble. Le choix entre ces deux types de structures se justifie souvent à partir d’une certaine taille d’entreprise et de dispersion géographique de ces centres de productions.

Actuellement notre organigramme est du premier type mais je suis tenté également par un organigramme du deuxième type qui correspondrait à la segmentation de nos marchés. A chaque segment de marché correspondrait alors une unité autonome de production UAP dotée d’une direction et de l’ensemble des fonctions permettant d’atteindre des objectifs fixés avec la direction générale.

Nous comprenons mieux à présent la définition de l’entreprise donnée par l’Insee. « L’entreprise est une unité économique autonome juridiquement et dont la fonction principale est de produire des biens et des services pour un marché »
Une unité économique autonome juridiquement, c’est la définition d’un sujet doté d’une âme composée elle-même des trois facultés : l’épitumia, le thumos et le logistikon dont la fonction principale est de produire des biens et des services : la production est une modalité de l’action, du travail, dont la réussite est conditionnée à la connaissance de quatre facteurs. Les valeurs, la situation, le commandement, la discipline.
Pour un marché : c’est-à-dire pour le Monde : Le Marché est à la fois ce qui rend possible le travail réalisé par l’entreprise et ce qui va être transformé par celui-ci. Le Marché contient l’ensemble des causes de l’entreprise. Marché et entreprise ne sont pas séparables.

En ce sens l’entreprise est le marché, tout comme nous sommes le Monde. La théorie aristotélicienne de la causalité se décline en quatre causalités distinctes : La cause matérielle, la cause efficiente, la cause formelle et la cause finale.

Appliquée à l’entreprise la cause matérielle est sa condition d’existence, l’énergie et sa conversion par la technique est la cause matérielle du travail. La cause motrice ou cause efficiente résulte des interactions incessantes de l’entreprise avec le marché. Chaque modification de celui-ci implique une adaptation de celle-là. La cause formelle est l’organisation interne et plus particulièrement l’organisation des pouvoirs défini par les statuts.

Enfin la cause finale ou la reine des causes est le pourquoi du comment : la raison d’être de l’entreprise : sa mission.

Nous venons d’essayer d’apporter un éclairage sur la définition d’une institution moderne à l’aide de concepts empruntés à la philosophie antique. Cet éclairage et ces concepts vont nous être utile à présent que nous allons pénétrer plus avant dans compréhension de la vie organique de l’entreprise. En effet, notre questionnement de la définition de l’Insee nous a permis grâce à l’éclairage de la philosophie antique grecque et chinoise de révéler des aspects insoupçonnés de sa nature profonde, mais notre questionnement doit aller plus loin encore.

En effet ce qui distingue fondamentalement l’entreprise d’autres institutions humaines telles que : l’église, l’armée, l’école, un service technique d’une administration, c’est la fonction économique : l’entreprise doit rechercher à fabriquer les meilleurs produits au meilleur prix.

Pourtant l’entreprise peut être analysée et comprise avec des concepts empruntés à la philosophie antique. Ceci est d’autant plus surprenant que les philosophes de l’antiquité n’en parlent pas ; tout préoccupés qu’ils étaient, par d’autres institutions tels que l’Etat, la guerre, la justice et les valeurs qui fondent la civilisation.